samedi 16 juin 2007

ALICE COOPER - Billion Dollar Babies

L'album qui m'a fait aimer le rock


En 1972 j'ai 13 ans (tant pis si je me grille avec mon âge...), et une après-midi où je ne fais rien, je traverse le salon de l'appartement de ma mère, et là, sur la télé qu'elle a laissée allumée, je vois un type... complètement allumé. Cheveux longs, maquillages noirs grossiers dignes du Rocky Horror Picture Show, et une musique prenante. Je viens de découvrir Alice Cooper, et son tube du moment "Elected". C'est la révélation, je me précipite chez le disquaire acheter le 45 tours en y sacrifiant mes maigres économies (de l'ordre de 6,50 FF à l'époque). Quelques mois se passent, le 45 tours craque de tous côtés depuis longtemps pour avoir été écouté des dizaines de fois par jour, et mes revues pop-rock de l'époque (Best et Extra) annoncent la sortie du nouvel album d'Alice Cooper : Billion Dollar Babies. Retour chez le disquaire pour me jeter dessus, cette fois après avoir taxé ma mère, parce que 31 ou 32 FF en ce début 1973, pour un gamin d'à peine 14 ans, comme dirait Arthur "c'est beaucoup d'argent" ! Je ramène fébrilement l'album à la maison, et là, surprise immense. A l'intérieur, une planche de photos sur support cartonné prédécoupées, un billet géant d'un milliard de dollars. Ca ce sont les bonus, et il faut dire qu'Alice Cooper est coutumier du fait, puisque (je le découvrirai peu de temps après), l'album précédent, "School's Out", offrait ... une petite culotte féminine. Donc je place l'album sur ma platine hi-fi et la musique commence...

*** HELLO HOORAY *** Un tempo assez lent et lancinant, des guitares qui tranchent l'air comme des couteaux géants, c'est le morceau d'ouverture de l'album et il est bien conçu comme tel : "Hello hooray, let the show begin, I've been ready Hello hooray, let the lights grow dim, I've been ready Ready as this audience that's coming here to dream Loving every second, every moment, every scream"... (Hello, hourrah, que le spectacle commence, je suis prêt, Hello, hourra, que les lumières s'allument, je suis prêt, Prêt comme cette audience qui est venue rêver, J'aime chaque seconde, chaque instant, chaque cri)

*** RAPED AND FREEZIN' *** Le tempo s'accélère brutalement pour un rock bien musclé, une sombre histoire d'un gars qui rencontre une fille assez chaude, elle se l'empare, abuse de lui et le fout dehors sans même prendre la peine de lui rendre ses vêtements. On retrouvera ce genre d'histoires cocasses dans la majeure partie de la discographie d'Alice Cooper.

*** ELECTED *** Nous y revoilà. Dans une version un tout petit peu différente (mixage remanié et premier refrain rallongé), Alice Cooper nous refait sa candidature aux élections présidentielles américaines, rien de moins. Dandy et marketisé à souhait dans une Amérique qui l'année précédente a été frappée par le scandale du Watergate (et la chanson d'Alice Cooper est tout sauf innocente dans ce contexte), le candidat se présente comme un morceau de viande de premier choix, mais aussi comme un dictateur. Et de conclure sur une profession de foi que seules les âmes naïves peuvent considérer comme imaginaires :"And if I am elected I promise the formation of a new party A third party, the Wild Party! I know we have problems, We got problems right here in Central City, We have problems on the North, South, East and West, New York City, Saint Louis, Philadelphia, Los Angeles, Detroit, Chicago, Everybody has problems, And personally, I don't care"... (Et si je suis élu, Je promets la formation d'un nouveau parti, Une tierce partie, le Parti Sauvage, Je sais que nous avons des problèmes, Nous avons des problèmes ici à Central City, Au Nord, au Sud, à l'Est et à l'Ouest, A New York, Saint Louis, Philadelphie, Los Angeles, Detroit et Chicago, Tout le monde a des problèmes, Et personnellement je m'en fiche)

*** BILLION DOLLAR BABIES *** Sur un rythme très saccadé tant par la batterie que par des guitares incisives, Alice Cooper s'offre ici un duo avec le chanteur Donovan (celui qui dans les années 60 fit entre autres un tube avec Mellow Yellow). L'association de deux artistes qu'en apparence tout sépare donne malgré tout un résultat très cohérent bien qu'atypique. Les paroles sont, comme très fréquemment chez Alice Cooper, sont glauques et macabres au possible, puisque pour un milliard de dollars le narrateur s'est offert une poupée dans un magasin et s'amuse à la maltraiter dans le grenier à la pleine lune, jusqu'au moment où il va décider de la décapiter.

*** UNFINISHED SWEET *** Quand Alice Cooper se met à délirer, il est unique dans son genre. Le sujet de la chanson est ridicule : un bonbon qui colle aux dents, et le type est obligé de filer chez le dentiste où l'intervention tourne pour lui à la torture. Il est un peu dommage que ce titre ne soit pas davantage resté dans les mémoires, car la musique, pleine de rebondissements et de climats différents, compose avec les paroles un véritable court-métrage au bord du burlesque.

*** NO MORE MR NICE GUY *** Alice Cooper ne s'est jamais pris au sérieux. Il fera néanmoins un tube avec cette chanson destinée à fustiger tout ce qui est bienpensant et "politiquement correct". Cette chanson à elle toute seule résume parfaitement Alice Cooper : un personnage provocant, donnant à son audience un maximum de spectacle, le plus délirant possible. Et, sorti de scène, un homme tout aussi parfaitement fréquentable que vous ou moi.

*** GENERATION LANDSLIDE *** Le conflit des générations a toujours existé. Et les ancêtres qui ont fustigé ces jeunes aux cheveux longs qui faisaient de la "musique de dégénérés" en prennent plein leur grade dans cette chanson, qui arrive au top du succès pour Alice Cooper. Volontairement calme et lancinante, cette chanson est quelque peu décalée par rapport au reste de l'album.

*** SICK THINGS *** Les choses malades, ce sont les chansons d'Alice Cooper et tout ce qui tourne autour de sa profession. Sans dénigrer cette dernière pour autant, Alice Cooper explique entre les lignes tous les artifices qu'il a dû utiliser pour se démarquer des autres artistes, et met en garde les fans contre tout ce que cela comporte de superficiel.

*** MARY-ANN *** Juste un piano et une voix. A ce stade de l'album, on en est à se demander si Alice Cooper sait encore ce qu'il fait. La chanson aurait pu être un air de cabaret dans les années 30. Désuète et dérisoire, "Mary-Ann" est une chanson d'amour. Sans aucune ambiguïté, du moins jusqu'à ce qu'arrive la dernière phrase : "je croyais que tu serais mon homme"...

*** I LOVE THE DEAD *** L'hymne de la nécrophilie. Alice Cooper nous refera le coup quelques années plus tard avec "Cold Ethyl" dans l'album "Welcome to my Nightmare". Paroles et musique sont ici extrêmement glauques, la voix sur le pont musical est caverneuse et ténébreuse à souhait, et après une longue envolée musicale la chanson s'arrête net. Comme le couperet d'une guillotine.

Alice Cooper est un artiste à prendre au second degré, particulièrement dans la période 1971 - 1975 où il jouera d'artifices morbides pour donner un show différent : sur scène notamment il se promène avec un jeune boa constrictor sur les épaules, et généralement finit le show soit pendu, soit guillotiné. La mise en scène est remarquable, mais encore une fois à prendre au second degré. Ces séquences sont réalisées par des professionnels, ne tentez pas de faire pareil chez vous... Jusqu'au début de 1974, la formation du groupe Alice Cooper restera inchangée :

- Alice Cooper (véritable nom : Vincent Furnier) au chant

- Michael Bruce à la guitare

- Glen Buxton (1948-1996) à la guitare également

- Dennis Dunaway à la basse

- Neal Smith à la batterie (qu'il a depuis abandonnée pour devenir agent immobilier, comme quoi le hard rock mène à tout).

Début 1974 le groupe implosera et, toujours sous le nom d'Alice Cooper, le célèbre chanteur entamera une carrière solo elle aussi couronnée de nombreux succès.

POUR TELECHARGER ALICE COOPER

http://www.megaupload.com/?d=FDYZFM3R

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